Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/85

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XXI.

Je vomis le poison que l’amour me fit boire,
Et brise les liens qui m’auoient sceu tenir,
l’esteins de l’eau d’oubly son ingrat souvenir
Puisqu’avec le mespris elle estaint ma memoire.

Cherche d’autres captifs butins de ta victoire,
Amour, car tes attraits ne feront revenir
Ma douce liberté pour servir à ta gloire ;
Le nœud de son desdain ne me peut retenir.

Mon veritable feu ne se paist d’apparence :
S’elle n’a point d’amour, je n’ay point de confiance,
Et de sa cruauté j’oppose ma raison.

Vivons d’un libre pas, jetons donc de servage :
Mais tes projets sont vains, o mon ame peu sage.
Car la mort seule tient les clefs de ma prison.

XXII.

Au mur d’un beau foleil auoir l’ame glacee,
Las ! qu’il est difficile et immolant sa foy,
A un œil qui prescrit superbement sa loy,
Que de mortels soucis troublent nostre pensée.

Toy seule peux tenir ma franchise enlassée
Et par toy seulement Amour s’est fait mon Roy,