Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/86

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Seul mon cœur peut souffrir le soucieux esmoy,
Dont ma serve raison souspire traversée.

Si j’avois moins d’amour tu auroi moins d’attraitz.
Mes feux et tes appas esgalement parfait,
Font juger l’effect estre à la cause semblable.

Aussi leur doux pouvoir n’estant moins limité,
Mon Amour eternel gist en l’extremité,
Et par eux seulement le dueil m’est agreable.

XXIII.

Le doux soin qui m’affole est si cher à mon cœur,
Qu’il va d’un train esgal avecque ma journée,
Et l’eternelme nuist d’ombres environnée,
Me glacera plustost que sa pudique ardeur.

Heureux point de ma perte où ce bel œil vainqueur
Fait que d’un haut desir mon ame espoinçonnée,
Au miel de ses appas se noye empoisonnée,
ldolatrant ses yeux, fusils de ma langueur.

Je me brusle aux rayons de sa belle lumiere,
Et sur l’autel d’Amour mon offrande premiere
Fait naistre ce doux soin qui me ronge et me fuit.

Et rien ne va troublant le calme de mon aile,
Sinon lorsque je crains que sa rigueur s’appaise :
Car par ce fier soupçon mon doux repos s’enfuit.