armes n’eussent pas su lui rendre sa considération, elle n’aurait jamais pu, dans la suite, du moins sans les plus grands efforts, prendre pied en Italie, ni exécuter aucune des grandes choses qui l’ont illustrée. Tant qu’elle vécut soumise à la puissance des rois, elle dut craindre de disparaître sous un prince faible ou souillé de tous les vices.
CHAPITRE XX.
Après que Rome eut expulsé ses rois, elle fut à l’abri des dangers dont elle portait le germe dans son sein si un prince faible ou vicieux eût monté sur le trône. L’autorité suprême passa en effet dans les mains des consuls, qui n’en recevaient le dépôt ni par héritage, ni par supercherie, ni par violence, mais par le libre suffrage des citoyens. C’étaient toujours les hommes les plus vertueux. Rome profita sans cesse de leurs vertus, quelquefois de leur fortune, et il ne lui fallut pas plus de temps pour parvenir aux dernières limites de sa grandeur, que celui pendant lequel elle vécut sous ses rois.
Pour prouver comment la succession de deux princes courageux suffit pour conquérir le monde, il ne faut que montrer Philippe de Macédoine et Alexandre le Grand. Cet avantage doit être d’autant plus le partage d’une république, que le système des élections lui offre le moyen d’avoir non-seulement deux successions, mais une suite de chefs vertueux qui se succèdent à l’infini : héritage propice, qui appartiendra toujours à une république bien organisée.