cilement arriver ; qu’il se trouve, par exemple, dans un lieu plus élevé que vous ; ou qu’à son arrivée vous n’ayez point encore terminé vos retranchements, ou que vous ne soyez pas entièrement à couvert, il vous déloge soudain, sans que vous puissiez vous y opposer ; et vous êtes forcé d’abandonner vos retranchements pour en venir au combat. C’est ce qui arriva aux Espagnols à la bataille de Ravenne. Ils s’étaient retranchés entre le fleuve du Ronco et une chaussée ; mais comme ils n’avaient point poussé leurs travaux assez avant, et que les Français possédaient l’avantage du terrain, ils furent contraints par l’artillerie ennemie de sortir de leurs retranchements et d’en venir à la bataille.
Mais, en supposant, comme il arrive le plus souvent, que le lieu que vous avez choisi pour asseoir votre camp soit le plus élevé des environs, que les retranchements en soient bons et solides, et tellement favorisés par l’avantage du terrain et toutes vos autres défenses, que l’ennemi n’ose vous assaillir, on emploiera alors les moyens dont on usait dans l’antiquité, lorsqu’il arrivait qu’une armée était en position de ne pouvoir être attaquée : ces moyens consistent à parcourir le pays, à s’emparer ou à mettre le siége devant les villes amies, à intercepter vos vivres jusqu’à ce que vous soyez obligé par la nécessité à quitter votre camp et à livrer une bataille où votre artillerie, comme je le prouverai plus bas, ne vous sera plus d’un grand secours.
En examinant de quelle espèce étaient les guerres que firent les Romains, on voit qu’elles furent presque toutes offensives, et non point défensives. Il devient clair alors que j’ai eu raison de dire plus haut qu’ils auraient remporté de plus grands avantages, et fait des conquêtes plus rapides si l’artillerie eût existé de leur temps.
Quant à la seconde assertion, que l’artillerie ne permet plus aux hommes de manifester comme autrefois leur valeur personnelle, je pense, il est vrai, que des