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Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/8

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X
NICOLAS MACHIAVEL.

dans une sorte de demi-jour, mêlée à un grand nombre d’affaires, et cependant toujours en dehors de la direction souveraine. Même comme secrétaire de l’office des Dix, Machiavel n’est pas un homme politique ; c’est un employé supérieur qui peut donner des avis, mais qui doit toujours exécuter des ordres ; en un mot, il vit bourgeoisement avec une part d’influence fort restreinte, sans autre ambition que celle d’un emploi qui le fasse vivre, et même avec d’assez maigres appointements, comme on le voit par plusieurs passages des Légations, où la question de ses finances, toujours embarrassées, l’occupe autant que la politique. Ainsi, dans une dépêche datée de Montargis, le 12 août 1500, il se plaint amèrement de n’avoir que quatre livres par jour, tandis que son compagnon de voyage, François Della-Casa, en a huit. « J’ai dépensé, dit-il, et je dépense autant que François. Je vous prie donc, magnifiques seigneurs, de permettre que je touche le même salaire, ou rappelez-moi ; sans cela, je serais exposé à m’appauvrir, et je sais que vous en seriez contrariés. » Évidemment, ce n’est point là le langage d’un homme qui joue un grand rôle politique. Les plaintes de ce genre sont répétées dans les dépêches du secrétaire florentin avec une insistance singulière et une servilité qui attriste dans un homme aussi éminent. Souvent même il entre à ce propos dans des détails de nature à faire rougir les plus hardis solliciteurs ; et au lieu d’une missive diplomatique, il adresse à la magistrature des Dix un véritable compte de ménage, expliquant, comme dans la lettre du 22 novembre 1503, qu’il a dépensé dix-huit ducats pour sa mule, onze ducats pour un manteau de velours, dix ducats pour un manteau contre la pluie ; qu’il est à l’auberge avec deux domestiques ; que les vivres sont chers, etc. Les magnifiques seigneurs répondaient le plus ordinairement à ces doléances par l’envoi d’une petite gratification, et le secrétaire, en les remerciant, ne manquait jamais de se ménager de loin des gratifications nouvelles.

Vers 1504 ou 1505, Machiavel épousa une Florentine, Mariette, fille de Louis Corsini. Était-ce l’amour ou des motifs d’intérêt qui avaient provoqué cette union ? Les commentateurs n’ont pas manqué de faire, à ce sujet, des suppositions nombreuses. Mais, par malheur, ils n’ont fait que des suppositions. Il est impossible de rien dire de précis, et M. Artaud s’est montré, ce nous semble, un