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Page:Œuvres spirituelles de S. Bonaventure, tome 1, 1854.djvu/663

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manière ineffable, en terminant pour moi votre vie en des tourments aussi cruels.

« Mais déjà ce ne sont plus des soupirs que mon cœur doit enfanter ; je dois, comme Job, en ma douleur déchirer mon front. Je dois me préparer une retraite dans les profondeurs de votre côte, et là, exhaler le dernier souffle de ma vie.

« Si je ne meurs avec vous, je ne goûterai point le repos. Allons ! allons ! m’écrierai-je sans jamais m’arrêter. Non, je ne modérerai point l’ardeur d’un tel désir, quand je devrais encourir tous les mépris du monde.

« Maintenant que mes cris accusent ma folie, que vos bourreaux viennent donc, Seigneur, et qu’ils m’attachent, malgré ma misère, à votre Croix. Alors la mort sera pour moi pleine de douceur ; car, en mourant ainsi, je vous presserai dans mes bras.

« Non, l’excès de douleur qui transperce mon cœur à chaque instant du jour, ne pourra jamais s’adoucir, si vous, source abondante d’ivresse, ne venez vous-même me guérir.

« Vous êtes vraiment un médecin plein de tendresse ; jamais vous ne tranchez douloureusement, mais vous tirez sans violence et vous rejetez au loin le vice qui souillait notre cœur. Ceux que vous vous unissez par un lien d’amour indissoluble, vous les mondez toujours de vos dons les plus doux.

« Oh ! dans quel aveuglement misérable le monde demeure plongé, alors que, blessé cruellement des coups de son ennemi, il s’éloigne d’un semblable mé-