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Page:Œuvres spirituelles de S. Bonaventure, tome 1, 1854.djvu/664

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decin, qui, toujours prêt, offre avec douceur son côté ouvert pour guérir toute langueur !

« Ô homme ! pourquoi ne conservez-vous pas précieusement en votre pensée les bienfaits de la Passion de Jésus ? C’est par elle que les liens du larron se sont brisés ; par elle que le Seigneur vous a enrichi des biens les plus magnifiques.

« C’est par elle qu’il a nourri votre faiblesse de son corps, par elle qu’il vous a fait un bain de son sang ; par elle qu’il a dépouillé à vos regards son cœur plein de tendresse, afin qu’ainsi, vous puissiez connaître combien il vous avait aimé.

« Oh ! qu’il est doux ce bain ! Qu’elle est suave cette nourriture qui ouvre les cieux à celui qui la prend dignement ! Celui que vous nourrissez ainsi, mon Dieu ! nul travail ne lui pèse. Il n’y a que le cœur sans vertu à qui vous soyez en dégoût.

En effet, jamais l’homme engourdi dans la paresse ne s’est demandé pourquoi Jésus lui a montré son cœur si plein d’amour. Il n’a point vu que, placé sur la croix, c’est un lit de repos que le Seigneur est venu lui offrir.

Mais toutes les fois que cette couche sacrée apparaît à l’âme sainte, elle s’y attache avec ardeur, de même que l’aigle s’attache à la proie qui s’est offerte à son regard.

Et ensuite, cette âme s’écrie, comme hors d’elle même : « Ô douce couche ! ô chair ensanglantée en tant d’endroits à cause de ma misère ! pourquoi n’ai-je point été transpercée avec vous ? Pourquoi n’ai-je