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Page:Œuvres spirituelles de S. Bonaventure, tome 1, 1854.djvu/665

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point reçu avec vous les coups qui vous donnaient la mort ?

« Ce bienfait a été refusé à mon indignité ; mais je me choisirai un tourment nouveau : je gémirai sans cesse, je verserai des larmes irrémédiables, jusqu’à ce qu’il me soit donné de quitter le pesant exil de ce monde. »

Et alors cette âme pleine de tendresse, s’embrasant de plus en plus, voit ses sens défaillir et son corps se dessécher. Bientôt elle est impuissante à parler ; mais son amour s’accroît, ses forces l’abandonnent, elle languit étendue sur sa couche.

Sa douce voix s’est brisée et sa langue palpite maintenant sans émettre aucun son. Mais ses larmes ont succédé à ses paroles ; son cœur s’est déchiré ; elle se lamente sur son Seigneur.

Ainsi, languissante, elle ne sait plus rien que pleurer et s’exhaler en soupirs embrasés ; car elle ne peut détourner ses regards des blessures de Jésus ; elle ne peut en séparer sa pensée.

Et son esprit est enchaîné avec autant d’amour que si son Bien-Aimé expirait en sa présence. Elle embrasse la Croix de ses yeux, car ils sont attachés là où est son amour.

Les gémissements et les soupirs, les larmes et les lamentations sont ses délices, sa nourriture et sa vie. C’est ainsi que, martyre nouvelle, elle attend les coups de la mort ; c’est sous leurs efforts qu’elle sent accroître ses douleurs.

En cet état, elle repousse tout ce qui tient à la