Aller au contenu

Page:7e Congrès hygiène sociale Roubaix 1911.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
132
CONGRÈS DE ROUBAIX

banque, commerçant ou industriel ne sont à même de remédier à ce défaut des grandes agglomérations humaines. Et ainsi les populeuses cités d’aujourd’hui, en dépit des principes et des formules démocratiques qu’elles se flattent de représenter, sont aussi inhospitalières, aussi dures aux familles nombreuses que le rentier égoïste qui s’écrie : « Loin de chez moi les petits enfants ! »

Mais, dira-t-on, il existe une solution élégante de ce problème. Pourquoi s’obstiner à habiter Paris, quand il est si simple et si facile aujourd’hui d’imiter les gens de Londres ? Suivez le mouvement, bons pères de famille ! Votre maisonnée est à l’étroit dans les appartements de la grande ville et vous voulez la préserver des périls de la rue ? Profilez des commodités que vous offrent les moyens de communication, chemins de fer et tramways de pénétration. Allez aux champs, vous ferez bien, c’est-à-dire habitez la banlieue. Là vos petits seront au grand air ; ils auront d’immenses cours de récréation pendant les jours de classe et pour leurs congés de vastes pelouses, de vrais champs d’entraînement où il leur sera facile d’installer à leur aise leurs parties de barres ou de ballon, jeux de paume et de foot-ball, de tennis ou de croquet, championnats de course ou de lutte, bref tous les amusements et tous les exercices qui conviennent à la jeunesse scolaire.

Voilà un alléchant programme. Le bon père de famille se forge, pour ses enfants, un idéal de félicité qui le ferait pleurer de tendresse s’il était enclin à s’attendrir. Mais hélas ! la réalité ne répond guère aux espérances dont se berce sa sollicitude.

Presque partout, aux environs de Paris s’est produit un phénomène analogue à ce que les anglais déplorent quand ils se plaignent de l’accaparement par les particuliers des champs communaux : inclosure of commons. Les municipalités, pour des raisons de police et de sécurité, prescrivent de fermer les terrains vagues. La fièvre du lotissement sévit de plus en plus. Pièce par pièce, lambeau par lambeau, les beaux jardins, les parcs pleins de mystère qui faisaient autrefois à la grande ville sa riante ceinture de verdure et dont beaucoup étaient libéralement ouverts aux visiteurs sont dépecés, morcelés, convertis en îlots de quelques ares, vrais clapiers humains, où l’espace n’est pas plus prodigué que dans les grandes cités elles-mêmes.