Aller au contenu

Page:Aïssé - Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame Calandrini, 1853.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
18
MADEMOISELLE AÏSSÉ.

et de cœur, qui va tout à l’heure résister au Régent de France.

A quelle date la lettre qu’on a lue fut-elle écrite ? Dans quelle circonstance et à quelle occasion ? Mlle Aïssé, en ses Lettres, a raconté avec enjouement l’histoire de ce qu’elle appelle ses amours avec le duc de Gèvres, amours de deux enfans de huit à dix ans, et dont elle se moquait à douze : « Comme on nous voyait toujours ensemble, les gouverneurs et les gouvernantes en firent des plaisanteries entre eux, et cela vint aux oreilles de mon aga, qui, comme vous le jugez, fit un beau roman de tout cela. » Serait-ce à propos de ce bruit, commenté et grossi après coup, que la semonce aurait été écrite ? A-t-elle pu l’être de Constantinople même, et en prévision du retour, ce qui serait une grossièreté de plus ? Quoi qu’il en soit, dans cette même lettre où Mlle Aïssé raconte ses amours enfantines, elle ajoute, en s’adressant à son amie, Mme de Calandrini : « Quoi, madame ! vous me croiriez capable de vous tromper ! Je vous ai fait l’aveu de toutes mes faiblesses, elles sont bien grandes ; mais jamais je n’ai pu aimer qui je ne pouvais estimer. Si ma raison n’a pu vaincre ma passion, mon cœur ne pouvait être séduit que par la vertu ou par tout ce qui en avait l’apparence. » Un tel langage dans une bouche si sincère, et de la