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Page:Aïssé - Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame Calandrini, 1853.djvu/29

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MADEMOISELLE AÏSSÉ.

santé de la jeune fille se confond encore dans l’ignorance de l’enfant, alors qu’on peut dire :

Il n’est déjà plus nuit, il n’est pas encor jour.

Or, ces années-là, ces années entre chien et loup, elle les passa à quatre cents lieues de M. de Ferriol, et rien n’est plus probant en telle matière que l’alibi[1]. Lorsqu’il revint dans l’été de 1711, elle avait déjà atteint à cet âge où l’on n’est plus abusée que lorsqu’on le veut bien ; elle avait de dix-sept à dix-huit ans, et M. de Ferriol en avait environ soixante-quatre. Ce sont là aussi des garanties, surtout, je le répète, quand le caractère d’ailleurs est bien connu, et qu’on a affaire à une personne d’esprit

  1. On a dit dans une note précédente qu’il résidait à Constantinople en qualité d’ambassadeur ; il y était arrivé le 11 janvier 1700. Tandis qu’Aïssé, en France, cessait d’être un enfant, il avait maille à partir ailleurs ; l’extrait suivant, puisé aux sources, ne laisse rien à désirer : « En 1709, des plaintes ayant été portées contre lui par divers membres de la nation française, il est rappelé le 27 mars 1710. Son rappel est fondé sur l’état de sa santé, dont il ne se plaint pas. Bien que remplacé par le comte Desalleurs, qui prend en main les affaires de l’ambassade le 2 novembre 1710, M. de Ferriol n’en continue pas moins de correspondre avec la Cour sur les affaires, se plaint vivement de M. Desalleurs, qui le lui rend bien, et enfin s’embarque le 30 mars 1711 pour la France, où il arrive le 23 mai. » — Voir ci-après la note (F).