Ces Français !… ajouta-t-elle d’un ton moqueur.
Je continuais d’avancer et j’étais tout près d’elle. Je crois même qu’elle avait fait un pas au-devant de moi. « On pouvait nous voir », m’avait-elle dit ! Donc, si ce n’eût été la crainte d’être surprise, elle m’aurait laissé faire ? Jusqu’où ?… Cette fois, après un rapide coup d’œil jeté à l’entrée, je liai mes bras autour de sa taille et, comme elle ne cherchait pas à se dégager, je mis sur ses lèvres un baiser, en lui disant : « Vous ne m’en voulez pas, chère miss ? »
— Non, soupira-t-elle, mais prenez garde…
Je trouvai que j’avais assez pris garde et je redoublai mon baiser, que l’on reçut avec la plus entière complaisance. Je n’hésitai pas alors à avancer une langue entre deux rangées de perles qui se desserraient, et l’on me rendit de bon cœur ma caresse, la tête renversée sur mon bras. Bien plus, je crus sentir que le milieu du corps s’avançait encore plus vers moi ; alors, d’un geste machinal, tenant sa main allongée comme on fait en valsant, je posai brusquement cette main sur quelque chose qui s’agitait en moi, et qui ne laissa aucun doute à ma compagne sur le genre de sensation qu’elle me causait.
Je ne sais comment tout ceci se serait terminé si nous n’avions entendu des bruits de pas qui se rapprochaient. Nous eûmes à peine le temps de revenir au sopha de bambou, lorsqu’une voix pure et fraîche se fit entendre : « Enfin, te voilà, Dora !… Je te cherche depuis une heure !… »
En même temps, une jeune fille en robe rose entrait, après avoir dit à quelqu’un qui l’accompagnait : « Merci, monsieur, je rentrerai avec mon amie, puisque je l’ai retrouvée. »
La nouvelle venue, une jolie brune de vingt ans, assez svelte, avec de yeux et des cheveux admirables, nous regarda en souriant.