Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/110

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jamais pensé… Écoute, Thérèse, il faut absolument nous procurer un de ces godmichés ; je veux te le mettre, moi aussi.

— J’y avais déjà songé, répondit-elle, et je crois que ce sera possible, devrais-je aller emprunter celui de la Saint-Léon

— Et aller le chercher nous-même, continuai-je.

— Ah ! Cécile, Cécile, fit-elle, en me menaçant du doigt.

— À propos, et ta bague ?…

— Tiens, c’est vrai ! elle est encore enveloppée dans le billet, sur mon lit où je l’ai jetée en arrivant. Je vais la chercher.

C’était un fort beau saphir entouré de brillants ; nous l’admirâmes, et comme la coquetterie féminine ne perd jamais ses droits, Thérèse mit le bijou à son doigt et le fit miroiter avec complaisance.

— C’est trop beau pour moi, soupira-t-elle, je ne pourrai jamais la porter : la veux-tu ?…

— Tu plaisantes, Thérèse ; je trouve qu’il n’y a rien de trop beau pour toi, et je voudrais pouvoir, moi aussi, te couvrir de bijoux… Quant au billet, tu peux le garder sans scrupule ; cet argent ne lui coûte rien… Tu penseras ce que tu voudras, je la trouve très gentille, cette femme, elle me plaît.

— Oh ! elle est bien fanée, va !…

Je partis d’un grand éclat de rire.

— C’est toi, maintenant qui es jalouse de la Saint-Léon !… Folle !… Tiens, allons dîner…

N’ai-je pas raison, cher Léo, d’aimer cette charmante compagne ?…

J’ai voulu prendre une autre femme de chambre, afin de lui éviter les soins du ménage. Elle s’y est énergiquement refusée et, sur mes instances, elle a seulement consenti à ce que je prisse une femme de ménage pour faire les gros tra-

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