Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/81

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— Oui. Oh ! c’est bon, va… laisse-moi te le faire ?…

— Et tu sais comment cela s’appelle ? fis-je en la repoussant un peu, car déjà elle se glissait sous les couvertures.

— Oui !… faire minette… Mademoiselle Berthe aime beaucoup cela, mais ne nous le fait pas souvent ; elle dit qu’étant trop jeunes, cela nous épuiserait.

— Elle a fichtre bien raison !… Mais quelle pension !… Si vos parents savaient cela !…

— Oh ! tu ne le diras pas à maman ?… Et puis, je t’assure que cela ne nous empêche pas de bien travailler… Nous n’y pensons que le soir.

— Écoute, chère enfant, lui dis-je en la pressant tendrement sur ma poitrine ; après ce que nous venons de faire ensemble, je serais mal venue à te prêcher la morale ; je te sais gré de ta confiance en moi et je te jure que je n’en abuserai pas. Mais je t’en prie, ménage ta santé ; en abusant des plaisirs auxquels tu parais être bien sensible, tu perdrais ta beauté, ta fraîcheur de rose, l’éclat vif de tes yeux, ta gaîté même, puis l’appétit, le sommeil, et tu en arriverais peut-être à te tuer. Une fois ou deux par semaine c’est même beaucoup.

— Mais, chère sœur, ne crains rien, je suis plus raisonnable que tu ne le penses ; j’ai beaucoup de force de caractère ; je suis très passionnée, mais je sais aussi me contraindre. Du reste, je vais perdre Louise Tardival, qui est obligée de travailler beaucoup pour passer son examen le mois prochain. Maintenant que je t’ai tout avoué, aimons-nous, dit-elle, en frottant sa toison contre la mienne…

— Oui, mon petit ange… je veux bien… tout ce que tu voudras…

Au même instant, j’entendis du bruit à la porte, et je la repoussais vivement, en disant : « c’est Thérèse ! »

— Thérèse, ta gou…

Je ne lui laissai pas le temps d’achever et lui donnai une

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