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LA BELLE ALSACIENNE


de l’air distrait d’une princesse dont les faveurs honorent. Mais j’éprouvai bientôt que s’il est facile à une femme qui n’aime pas de se refuser aux premiers transports de l’amant qui la presse, il arrive rarement qu’elle persiste dans son insensibilité, surtout quand elle est née avec un cœur sensible et reconnaissant.

Je n’avais prêté au commencement de l’entretien que cette attention froide, quoique polie, qu’on ne peut honnêtement refuser aux bienséances ; je sentis par degrés qu’elle m’affectait plus que je ne l’aurais cru. M. ***, qui s’imagina sans doute qu’il y allait de son honneur à me faire revenir de ma prévention, en m’excitant à partager ses empressements, sut, en dépit de moi, y jeter de ces nuances d’intérêt contre lesquelles ma froideur n’était pas en garde. Je fus enfin dans l’obligation d’avouer que la différence que l’imagination met quelquefois entre certains objets qui, dans le fond, sont les mêmes, ne peut tenir longtemps contre la force victorieuse de la réalité.

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