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LA BELLE ALSACIENNE


conquérant aimable ; je reconnus sa fatuité aux éloges outrés qu’il donnait à la générosité de mon âme ; excédée de ce redoublement de faveurs, j’allais périr d’ennuis lorsqu’un fracas épouvantable vint terminer ce désagréable tête-à-tête.

Ce bruit, qui continuait toujours en augmentant, nous fit oublier tout autre soin que celui d’une curiosité qui n’était pas sans inquiétude.

La maison où nous étions, toujours ouverte aux plaisirs et véritable séjour de la volupté, n’était pas uniquement consacrée aux mystérieux rendez-vous de ma bonne amie. La prêtresse du lieu, pitoyable par état et par goût, exerçait l’hospitalité de la manière du monde la plus édifiante. Quantité d’amours errants et dépourvus des commodités nécessaires pour la conversation étaient toujours sûrs d’un accès favorable auprès d’elle. Elle leur souriait avec bonté ; et moyennant une honnête rétribution, par forme de reconnaissance, leur donnait charitablement le couvert, avec la liberté la plus entière.