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Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/169

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LA BELLE ALSACIENNE


veur incroyable, au hasard d’en épuiser la source.

L’amour, touché de mon désintéressement, eut pitié de moi et récompensa mes soins généreux. Je sentis par degrés que les ressorts de mon imagination s’ébranlaient ; je commençai d’entrer pour quelque chose dans les peines que je me donnais. Émue par mes propres bienfaits, je parvins bientôt au point de les partager, sans faire tort à celui sur lequel je les répandais ; au contraire, même, on s’en persuade que plus aisément lorsqu’on est intimement pénétré du sentiment qu’on veut exciter. Ce que j’éprouvais redoublait l’activité de mes bontés, mes sens se troublèrent, le dernier effet de mes soins acheva de m’en ôter l’usage. Je m’égarai enfin dans un désordre d’autant plus délicieux qu’il n’était dû qu’à la seule force de mes idées.

Quoiqu’une pareille occupation n’eût en soi rien de désagréable, elle eut le sort des meilleures choses qui lassent et rebutent à la fin. Je discontinuai mes bontés, n’en