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LA BELLE ALSACIENNE


me voir ; mais je le rencontrai peu de temps après et je devinai à son air qu’il n’était pas de goût à renouveler notre connaissance.

Le beau temps succède à l’orage : vieux proverbe que l’expérience vérifie tous les jours. Les biens présents font oublier les maux qui les ont précédés, et les plaisirs voisins de la douleur n’en deviennent que plus sensibles par la comparaison qu’on en fait.

Les efforts que j’avais employés pour subir mon malheur avec constance ne m’avaient tranquillisée que médiocrement.

J’étais d’ailleurs condamnée à des exercices de pénitence dont la fréquente répétition réveillait mon impatience. Je soupirais ardemment après le jour heureux qui devait me rendre à moi-même.

Cet instant si désiré arriva enfin ; mon cœur devenu plus libre se prêta avec plus de confiance aux agaceries de la volupté. Si je paraissais encore verser quelques larmes, ce n’était plus que par mignardise, à peu près comme un enfant qu’on vient de