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LA BELLE ALSACIENNE


en particulier sans avoir pu y parvenir, tant la vigilance de ma mère était difficile à surprendre. Las enfin de voir toujours rompre ses mesures, il prit le parti de s’adresser à elle-même, afin de m’obtenir de son aveu. Il parla français ; ma mère, quoique charmée de lui voir expliquer ses désirs d’une manière conforme et décente, fit la difficile d’abord et tint la dragée haute ; l’officier la pressa, elle se défendit ; il insista ; enfin, après s’être bien disputé le terrain pied à pied, le mariage fut conclu et mes appas ayant été appréciés, mon douaire fut porté à huit cents livres, somme exorbitante pour un officier. L’argent, qui faisait l’objet principal de nos conventions matrimoniales, fut consigné, et l’on prit jour pour la célébration des noces.

Ma mère, pressée par le temps, se contenta de me donner quelques instructions préliminaires, afin de représenter avec dignité le rôle d’épouse d’un capitaine de dragons ; ce qu’il y avait encore d’avantageux pour moi, c’est que le mari auquel je