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LA BELLE ALSACIENNE


de ses plaisirs à ce qu’on aime ! Ma mère, dont les intérêts se trouvaient inséparables des miens, m’avait fort recommandé d’être sur mes gardes et de ne lui pas accorder de libertés préjudiciables. Je trouvai pour la première fois ses défenses injustes.

À quel propos, disais-je en moi-même, vouloir me gêner au point de maltraiter un homme dont je suis adorée ? Peut-il me vouloir faire du mal ? Ce que je sens pour lui ne me rassure-t-il pas contre tous les dangers dont on me menace ? Que craindre ? Ma mère ne serait-elle pas jalouse ? Oh non, elle m’a dit mille fois que son cœur ne sentait plus rien. C’est donc un pur caprice qui la porte à m’interdire des choses qui doivent être charmantes, quoique je ne les connaisse pas ; l’idée imparfaite que je m’en forme me transporte ; je le saurai ce quelque chose que l’on veut que j’ignore.

C’est ainsi que de réflexions en réflexions je préparais à l’amour un triomphe aisé sur un cœur dont il s’était déjà frayé le chemin par l’instinct de la volupté.

Mon imagination, remplie de toutes les