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LA BELLE ALSACIENNE

— Modérez, monsieur, lui dis-je en rougissant, l’excès de votre reconnaissance.

Je fis en même temps un faible effort pour retirer ma main. Nos yeux se rencontrèrent dans ce moment. Je puisais dans les siens une ardeur qui me dévorait. Je me sentais le visage en feu ; les battements précipités de mon cœur m’ôtaient presque la respiration ; mes genoux tremblants me soutenaient à peine ; je fus obligée de m’asseoir sur un banc de gazon, pour essayer de reprendre l’usage de mes sens. G… se mit aussitôt à mes genoux ; cette attitude redoubla mon émotion ; ses regards touchants me pénétrèrent, mon cœur se plongeait de plus en plus dans une ivresse délicieuse, mes yeux se troublèrent, je ne pouvais plus distinguer les objets qui m’environnaient. Le désordre de mes sens passa jusqu’à mon âme, il se fit tout à coup une révolution qui me fit perdre la connaissance ; un sentiment de plaisir et de douleur vint me rappeler à la vie ; j’ouvris les yeux, je me trouvai dans les bras de l’amour vainqueur. L’état où j’étais, les