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LA BELLE ALSACIENNE


transports de G… m’apprirent son triomphe : ce que je venais d’éprouver ne me permettait pas de me mettre en colère.

Les premiers traits de volupté que j’avais éprouvés me causaient des ravissements auxquels je m’abandonnais tout entière. Je trouvais une douceur inexprimable à m’égarer dans l’abîme du plaisir. G…, qui partageait mes transports, ajoutait encore par ses caresses à l’illusion qui m’enchantait ; mes attraits étalés à sa vue et dévorés par ses baisers rapides, semblaient le mettre hors de lui-même. Quelquefois sans mouvement, toutes les facultés de son âme demeuraient comme suspendues ; entraîné ensuite par un torrent de désirs, son amour irrité ne mettait plus de bornes à l’ardeur de ses feux. J’étais embrasée, et mon cœur succombait à chaque instant. Nos vœux remplis, loin d’épuiser notre sensibilité, renaissaient avec violence. Il y avait près de deux heures que nous étions ensemble, que je croyais à peine avoir passé quelques instants.

Nous étions dans un des endroits le plus