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Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/45

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LA BELLE ALSACIENNE


changement lui fit espérer une issue très favorable.

Lorsqu’on fut arrêté pour la couchée, il parla à ma mère en particulier et lui fit des offres tellement brillantes, vu l’état présent de nos affaires, qu’elle en fut éblouie. Le traité fut bientôt conclu à la satisfaction des parties ; on dressa une espèce de contrat verbal sans employer de notaire, et je fus accordée en mariage aux clauses prescrites. Mais par une inadvertance qu’on ne peut trop blâmer dans une femme qui était aussi expérimentée que ma mère, elle négligea de faire déposer la dot.

Accoutumée aux conclusions précipitées, je consentis sans répugnance à ce que l’on exigeait de moi ; j’y étais déterminée par l’intérêt, mobile puissant, et que ma mère m’avait toujours dit devoir faire le capital d’une fille qui n’a que ses charmes pour ressource contre les outrages de la fortune. J’étais d’ailleurs pressée par les attraits du plaisir, pour lequel je me sentais un goût infini, goût qui ne m’a jamais abandonnée depuis le premier essai que j’en ai fait.