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LA BELLE ALSACIENNE


gée de prévenir des désirs à naître ! En vain je m’encourageais par la gloire d’opérer des miracles ; j’étais indignée du personnage que je soutenais.

Quelle humiliation pour une femme qui se croit quelques attraits de trouver une insensibilité si incorrigible ! Vingt fois rebutée du peu de fruit de mes bontés, j’étais sur le point de renoncer à mon entreprise. Enfin, excédée d’une spéculation de deux heures sur des objets impalpables, j’arrachai du triste moribond un demi-soupir, faible hommage qu’en expirant sa reconnaissance rendait à ma générosité.

Il sortit après avoir récompensé généreusement Mme  G…, à laquelle il fit un récit avantageux de la douceur de mon caractère et de ma complaisance.

Un mousquetaire bruyant et plein de feu succéda à ce paralytique. Sa pétulante tendresse ne me laissa aucune tranquillité ; il me plut dès le premier abord ; ses transports continus et redoublés étaient trop de mon goût pour que je m’y refusasse. Ma bonne humeur le charma. Nous nous entre-