dans son âme. L’Opéra, les comédiens,
touchés de son malheur, lui rendirent
visite par députés ; on avait bien soin de
choisir ce qu’il y avait de plus joli, pour
ces fréquentes ambassades… Prêtresses,
filles de Vénus de tous étages désertaient
les temples de Cythère pour aller lui faire
des compliments de condoléance. Ses palais
ne désemplissaient plus. On ne voyait sur
les routes qui y conduisaient que beautés
de toute espèce : appas venant d’éclore et
n’ayant pas encore l’âge de raison ; appas
novices, appas formés, modestes, doux,
fiers, tendres, hardis, appas élevés à
l’ombre, appas audacieux et connus par des
aventures d’éclat. Les mères y menaient
leurs filles ; les nièces s’y faisaient
conduire par leurs tantes ; quels
enchantements ne furent pas employés pour
charmer la tristesse de l’infortuné Midas ?
Peines inutiles, le coup était trop rude ;
son âme, inaccessible aux consolations,
était dévorée des plus cuisants chagrins. Il
ne cessait de gémir, et sa triste imagination
lui retraçait à tous moments les char-
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LA BELLE ALSACIENNE