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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
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autre gibier : elle donne maintenant la chasse aux Feuillans (1). » En effet, ces modérés, ces« conspirateurs », — ainsi les appelaient leurs adversaires, — n’échappaient pas au contrôle quotidien de ceux-ci.

On eut pu croire que, faute de membres, le Club des Feuillants allait disparaître en septembre 1791. Les choses ne se passèrent pas de cette manière. Le Patriote français annonça, le 30 novembre de la même année : ’ .

« On assure que M. Barnave est à Paris, et qu’il assiste tous les soirs au coucher du roi (2). — Il se forme des clubs monarchiques dans tous les quartiers. Celui des Feuillants vient de ressusciter. » En effet, le 7 octobre, aux Jacobins, Rœderer disait : « Les intrigants de l’ancienne législature ont ajourné à ce soir la résurrectiondes Feuillants. »

Le même journal, du 15 décembre 1791, renferme l’article suivant :

« Sur la tactique des Feuillants.

« Les ennemis de la liberté sont parvenus à ressusciter la Société des Feuillans, et à y attirer un grand nombre de membres de l’Assemblée nationale. Cette Société n’a pour objet que d’assurer au château des Tuileries un corps d’armée aux .ordres des comités corrompus qui les ’/iirigent. Quelques intrigants bien connus sont à la tête de ces Feuillans. — Le but de ces honnêtes gens est d’avoir l’air de commander un parti, pour se vendre plus sûremeat au ministère, et en obtenir argent ou places... Parmi eux, il n’y a pas un homme de génie ni même de talent un peu fort dans ces Feuillans ; c’est que le génie et le talent n’habitent point avec l’intrigue... » N" 8o7 du Patriote Français [S).

Le journal rappelle qu’il y a, par suite de cette tactique, beaucoup de Feuillansprésidens ou vice-présidens de l’Assernblée nationale. Quatre jours après, il ajoute :

« Comme il y avait eu quelques attroupements au dehors de leur salle, com"mç le public ^es tribunes troubla les séances des Feuillants, le député Chéron (4), président du Club, écrivit au maire de Paris <

(1) L’Ami du Roi, iiuinrro du 29 décembre 1791. (2) Après l’arrestation de Louis XVI à Vareimes. (3) Patriote français, numéros du 30 novembre 1791 et du 15 décembre de la même année.

(4) Chéron (Louis-Claude), littérateur, membre du Directoire du département de la Seine, député à la Législative.