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CLUB DES FEUILLANTS
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La loi obligeait d’ailleurs les Feuillants, comme les autres clubistes, à ouvrir leur salle au contrôle municipal et public. V Orateur du peuple remarqua :

« La Société des Feuillans, que tout le monde sait être le rassemblement des ministériels, tiennent à présent leurs séances publiques. .. Ces messieurs (les députés ministériels) tiennent des séances publiques aux Feuillans, pour dire au peuple ce qu’ils ne pensent pas, tandis que, d’un autre côté, ils forment un conciliabule où ils concertent les moyens de l’enchaîner (1). »

Il ajouta, quelques jours après : « Le peuple, qui est persuadé que la Société des Feuillans n’a que le masque du patriotisme, que les séances publiques que ces messieurs tiennent ne les empêchent pas de se réunir chaque soir à la fin de leurs travaux imposteurs, le peuple, dis-je, a résolu sa dissolution, comme il avoit résolu celle des sociétés aristocratiques des capucins et des monarchicns : il s’est transporté en foule à la séance de vendredi dernier, y a reproduit les scènes et les sarcasmes des séances précédentes ; c’est-à-dire que les auteurs de l’affiche ministérielle du Chant du coq ont été accueillis par des co, co, co, codet (2). »

Le Chant du coq était un supplément du Babillard, dont il a été question plus haut.

Cependant, le 6 décembre 1791, la feuillante madame de Staël, qui était fort éprise d’un ami de La Fayette, le comte Louis dé Narbonne-Lara, contribua à faire un ministre de ce seigneur spirituel, avantageux et brave.

La promotion de Narbonne aux fonctions de maréchal de camp et de ministre de la guerre fut attribuée à la « coterie » Barnave, Lameth, Duport, etc. N’oublions pas que Narbonne était chevalier de Madame Adélaïde ; on le considérait, avec quelque raison, comme un modéré, bien qu’il résistât à Bertrand de Molleville, ministre de la marine, au point d’être bientôt soudainement révoqué, par suite des obstacles que lui opposaient les ministres à la discrétion de Marie-Antoinette.

Plus que jamais le Club des Feuillants se trouva mis en évidence. « La meute des Jacobins, écrivait, au même temps, Royou, semble avoir quitté la piste des aristocrates pour se jeter à la poursuite d’un (1) Orateur du Peuple, t. IX, ii" 3r..

(2) Orateur <hi Peuple, t. IX, ii" M.