Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

compromettaient de manière à être victimes des Jacobins ou des émigrés, si les uns ou les autres, parmi ceux-ci, l’emportaient. Rendre au roi sa puissance, telle qu’elle existait naguère, n’était pas leur but, comme celui des royalistes et des aristocrates, mais ils songeaient à dominer sous Louis XVI amoindri, selon les contrerévolutionnaires, par la Constitution.

Carra les démasquait :

« Les Feuillans d’aujourd’hui ne sont que les ci-ÙGaLni monarchieux de Stanislas Clermont-Tonnerre ; mais ce chef, le petit Gouy, les Lameth, les Barnave et autres compères ont su grossir leur parti d’un certain nombre de badauds de bonne foi, au moyen de la devise, la Constitution^ toute la Constitution, rien que la Constitution. Ces mots, en eux-mêmes très légaux, signifient en termes d’argot : point d’égalité ; une chambre de nobles ; demi-contre révolution (1). » En avril 1792, à propos de la fête célébrée en l’honneur des soldats de Châteauvieux, on publia : le Coup de grâce des Feuillants, etc. (2), et la Grande éclipse du soleil jacobiniste et de la lune feuillantine... par la Liberté, en l’an IV de son nom, dédiée à la Terre (3). Dans les Révolutions de Paris, ils n’étaient pas mieux traités, car ce journal allait jusqu’à voir un dictateur en La Fayette, à préférer un gouvernement monarchique selon la Constitution à un gouvernement aristocratique.

« Oui, plutôt que de voir détruire la liberté sous les couleurs de la philosophie et du patriotisme, il faut arracher aux Feuillans leur ancienne devise, et l’écrire sur la poitrine des véritables patriotes : La Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution. Mieux vaut Louis XVI i^oi, que La Fayette dictateur ; mieux vaut la Constitution monarchique qu’un gouvernement aristocratique ; mieux vaut mourir que de faire une deuxième révolution pour la manquer encore, et ne la faire qu’au profit d’une misérable faction (4) ! » Le 10 avril 1792, aux Jacobins, une lettre de Strasbourg démentit ce que l’on avait annoncé dans un écrit, et déclara que, jusqu’à ce (1) Annales pairioliques, du 24 mars 1792, n" 84. (2) Bib. Nat., Lb 39/5875. — Le Coup de grâce des Feuillants, ou les soldats de Châteauvieux traités comme ils le méritent. Dialogue dans lequel est le précis de l’affaire de Nancy et l’ordre de la fête civique des martyrs de la liberté, avec les strophes qui seront chantées aux différentes stations de la cérémonie. L’an IV de la liberté, in-8’, 16 p.

(3) Non signé, mais par Olympe de Gouges. (Bib. Nat., Lb 39/10533. Brochure de 16 p. in-8v)

(4) Révolutions de Varis, 1792, du 12 au 19 mai, n» 149.