Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/383

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défendre à l’assemblée connue sous le nom de Sallon [sic) français^ de se tenir désormais rue Royale. Entre autres motifs sages qui ont décidé cette ordonnance, on remarque que les membres de cette assemblée ont menacé plusieurs fois la Garde nationale, placée là pour la défendre : on cite cette belle réponse d’un citoyen-soldat, qui, voyant un de ces furieux diriger son pistolet contre lui, lui a répondu : Frappe^ malheureux ^ mes concitoyens me vengeront. Nous savons de plus que Mirabeau-Tonneau a craché par une fenêtre sur la Garde nationale, et n’a répondu que par des injures grossières, qu’il faut sans doute rejetter sur son ivresse habituelle, à l’aide-decamp qui lui représentoit, d’une manière honnête et modérée, le danger auquel il s’exposoit. Sans doute, il doit être libre à tout citoyen de s’assembler ; mais quand la liberté de quelques individus est opposée à la liberté de tous, quand ils ne s’assemblent que pour tramer des complots contre elle, nous croyons que c’est un devoir sacré pour le ministère public de prendre des mesures pareilles à celles que la prudence et le patriotisme viennent d’inspirer au tribunal de police (1). »

Gorsas mêla la note comique aux observations toutes politiques d’autres feuilles :

« Plusieurs quartiers de Paris recèlent des maisons de conjurés auxquelles on ne daigne pas faire attention ; on se contente de les connoître et de se tenir sur ses gardes. Il n’en apas été de même avant-hier rue Royale, butte Saint-Roch. Un engorgement de voitures a forcé le peuple à se ramasser en quelque sorte malgré lui. Les personnages qui arrivoient successivement, ceux qui étoient déjà rassemblés, et qu’on avoit vu entrer, étoient trop connus pour ne pas éveiller les soupçons : alors la foule s’est augmentée et paroissoit très décidée à rompre le conciliabule. L’effroi a gagné MM. les proiestans., et on les vit successivement défiler ; les uns en affectant une morgue insolente, les autres avec tous les symptômes de la peur. Le peuple, dont les intentions étoient très pacifiques, s’est borné à les poursuivre par des huées. Ce qui a rendu cette scène infiniment comique, c’est que plusieurs personnes, du voisinage sans doute, sont allé chercher des chaudrons, des poêles et autres instrumens, avec lesquels ils faisoient un charivari infernal. Ce tapage, qui amusoit ceux qui en connoissoient la source, jetta une telle épouvante dans l’intérieur de l’hôtel, que plusieurs membres en sortirent égarés, et ne sachant qu’elle [sic) (1) Chronique de Paris, numéro du 17 mai 1790, p. 546.