Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/436

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les principes des sciences politiques, formèrent une Société dans laquelle ils devaient s’occuper des moyens de rétablir l’ordre, de conserver la paix, et de donner aux lois fmnçaises toute la perfection à laquelle les progrès de l’art social perniottaient d’atteindre ; car il y a pour chaque degré de civilisation une perfection réelle, comme pour chaque degré de lumières une perfection idéale, dont nous sommes destinés par la nature à nous rapprocher sans cesse, sans pouvoir jamais l’atteindre,

« On vit bientôt que, dans un moment où la nécessité des affaires ne laissait à personne la libre disposition de son temps, une association peu nombreuse ne pouvait avoir d’activité ; et on résolut de former, sur un plan plus vaste, une grande Société dont l’objet serait d’approfondir, de développer, de répandre les principes d’une consliLulion libre, et plus généralement de chercher les moyens de perfectionner l’art social considéré dans toute son étendue,

« Cette nouvelle association a pris le nom de Société de 1789.

«… Nous avons regardé l’art social comme une véritable science, fondée, comme toutes les autres, sur des faits, sur des expériences, sur des raisonnements et sur des calculs ; susceptible, comme toutes les autres, d’un progrès et d’un développement indéfini, et devenant plus utile à mesure que les véritables principes s’en répandent davantage ; et nous avons jugé qu’il était bon qu’une Société dbommcs libres dans leurs opinions, indépendants dans leur conduite, s’occupassent d’accélérer les progrès de cette science, d’en hâter les développements, d’en répandre les vérités.

<( Il existe donc une différence essentielle entre la Société de 1780 et celles que les citoyens pourraient former dans l’intention de réunir leurs forces pour le succès d’une réforme dans la Constitution et dans la législation de leur pays.

« De telles Sociétés sont utiles sans doute, mais elles ne sont pas les seules utiles.

« Il est nécessaire qu’une Société comme la nôtre reste isolée, pour conserver une indépendance entière ; ce qui n’exclut point une correspondance, une fraternité, comme celles qui existent entre les Sociétés savantes de l’Europe. Elles s’envoient réciproquement leurs ouvrages ; les académiciens qui voyagent sont admis aux séances des Sociétés étrangères ; elles se consultent réciproquement, et il leur arrive même quelquefois de se concerter pour des travaux importants. .. Une Société, plus philosophique encore que politique, doit surtout professer une tolérance qui peut blesser les esprits inquiets et violents.