Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/536

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les conseils dans le château des Tuileries, lorsque le roi et sa famille vinrent habiter l’ancienne demeure des rois. A mesure que les événements se précipitèrent, s’opposèrent aux prérogatives du roi et de la reine, lorsque l’émigration commencée par les princes, comtes d’Artois et de Provence, se fit dangereuse avec les Polignac, le marquis de Bouille, le marjchal de Broglie (1), Galonné, surtout avec le prince de Condé, « jurant de s’ensevelir sous les ruines de la monarchie, annonçant à la France une ligue de toutes les aristocraties et de toutes les monarchies de l’Europe », les courtisans restés à Paris se livrèrent à des intrigues politiques. Ils entretinrent des relations suivies avec ceux qui avaient quitté la France, qui formaient, après la prise de la Bastille, un rassemblement assez considérable près d(’ nos frontières, sous le nomd’uarmée de Condé ».

Le comte Mathieu Dumas, qui se trouvait à Versailles à la fin de septembre 1789, a écrit : « Je partageais avec mes amis les intrigues (jui se tramaient au château (2) ».

Après les journées des 5 et G octobre, les intrigues de Versailles se continuèrent à Paris.

La coterie se transforma en un groupe actif, qui tint des séances fréquentes dans lappartement de Marie-Antoinette. Là, on peut croire que ce fut sous la présidence nominale de la reine, sinon en sa présence, que le groupe se réunissait. Il avait pour but d’attirer les armées étrangères sur le sol de la patrie, afin de rétablir le roi dans tous ses droits et dans toutes ses prérogatives. Plusieurs ministres furent justement soupçonnés d’en faire partie, entre autres Montmorin. Peu après, on disait « que le sceptre de Louis XVI n’était plus que la quenouille de l’Autrichienne, » et le comte de Viricu appelait Marie- Antoinette « la Magicienne ». Certainement, elle était l’agente la plus active du cabinet au’richien (3) : à dater de mai 1787, la reine gouverna ostensiblement, assistant à tous les conseils de Louis XVI. En 1790, lors de la Fédération, yirieu, montrant la reine àMontlosier, disait : «Je ne compte pas sur le roi, mais je compte sur celle-ci. Voyez-la ; c’est une ma- [1]

  1. (1) Ministre de la guerre, commandant les forces militaires que Louis XVI voulait réunir contre la Révolution (2) Souvenirs du lieutenant-général comte Mathieu Dumas, de 1770 à 1836, publiés par son fils, Paris, 1839, t. I, p. 450. (3 ; La Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte de Mercy-Aryenteau, par MM. d’Arneth et A. Gctfroy.