Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/603

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tocrates et soi-disant monarchistes qui tenoient leurs assises au café de Foi {sic) (1). »

Là se trouvaient sans doute des consommateurs qui, jouant aux dominos, avaient tiré de leurs poches des dés monarchiques, avec des lettres dont la réunion formait : Vive le Moi, la Reine, et Monseigneur le Dauphin. La réaction y dominait, à n’en pouvoir douter ; il devenait « un réceptacle de l’aristocratie ». On y lisait tout haut la Gazette de Paris, VAmi du Roi, la Gazette de la Cour et de la Ville, et « autres papiers salissant ce café (2). » Il était mal noté, à dater de cette époque, et sa clientèle, toujours nombreuse, dut se bien tenir, en 1792 et 1793, pour ne pas exciter les mécontentements de la foule et des manifestations aussi sérieuses que celles dont Carra parle plus haut.

La police veillait, d’ailleurs, à ce que les habitués du lieu ne fissent pas de propagande contre-révolutionnaire. Elle ne les tolérait qu’inofFensifs, h l’état de simples consommateurs, politiquant d’une façon platonique.

Un rapport de police, de 1794, contient ces phrases : « Gaffé de Foix. — Ce caffé si fréquenté, si abondant en politique, se remplit aujourd’hui, comme presque tous les lieux publics, d’indifférents ou de sourds et muets qui craignent d’entendre ou de parler. Hier au soir on ylisoit le journal qui, comme les sermons des fameux prédicateurs, était accompagné d’une foule d’auditeurs si considérable, que la queue s’étendait jusque dans l’office du limonadier ; après la lecture, qui par là devenait encore plus semblable à un sermon, silence profond, conversations à l’oreille ou sur des choses étrangères, jeux et boissons (3). »

« Il y avait au Palais-Royal un café où se réunissait habituellement une jeunesse peu favorable au Directoire, et dont les sarcasmes, lorsqu’ils arrivaient à ses oreilles, troublaient quelquefois sa tranquillité. Barras assembla à dîner chez lui quelques officiers et les plaça sous la direction du colonel Fournier, l’un des plus mauvais sujets de l’armée. Celui-ci les conduisit, dans la soirée au café désigné ; ils y entrèrent le sabre à la main, et tombèrent sur tout ce qui était réuni. Il y eut beaucoup de blessés et entre autres le gé- [1]

  1. (1) Annales patriotiques de Carra, 3 décembre 1791, n" 792. (2) Le Courrier des 83 Départements, t. XXVII, n° 14, p. 216. (3) Rapport de police de Perrière, 3 ventôse (21 février 1794). Cité par Dauban, Paris, en il 94.