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G8 LES CLUBS CONTUE-RÉVOLUTIONN AIRES

(levait le caractériser, salit sa plume par des fureurs qui le déslioiioj-aient, comme législateur, comme ministre des autels, et éiilin comme écrivain philosophe ». Ils signalèrent à lanimadversion des colons blancs « Barnave, qu’on a presque déifié, poursuivant avec un cruel acharnement le projet de bouleverser les Colonies... » Barnave fut peint dans une caricature très ressemblante, dit Dufresne en note, avec un double visage, « simbole (sic) de la duplicité de son instruction, tendant par devant une main à un mulâtre et de l’autre par derrière à l’Anglettère [sic] qui y versaient de l’or » (1). Le Club de Massiac s’appliquait à entraver les bonnes dispositions de l’Assemblée nationale à l’égard des noirs. Barbaroux, plus tard, parla des « affreux systèmes » de cette société dans ses Mémoires.

De nombreux écrits, publiés par des hommes de liberté et d’humanité, en France, en Angleterre, en Danemark et dans presque tous les États de l’Europe, occupèrent alors l’opinion publique. L’ouvrage de Frossard sur Vesclavage des nègres, sa lettre sur son voyage à Wastrom, à la côte de Guinée, et le mémoire de l’abbé Grégoire en faveur des hommes de couleur, étaient corroborés par les adresses des sociétés de Londres, d’Amérique et d’Angers, réclamant leur émancipation.

Les membres du Club de Massiac opposaient à tout cela leurs droits de propriété, soutenus aux colonies par des assemblées qui ressemblaient aux assemblées provinciales de France, et par des gouverneurs qui représentaient le pouvoir royal. Ils ne voulaient pas plus admettre les prétentions des mulâtres que celles des noirs à l’égalité. Par conséquent, leur réunion avait des côtés politiques très sérieux, des côtés sociaux et internationaux. Ils étaient colons de Saint-Domingue, une des plus importantes colonies de la France, contenant 32,050 blancs, 7,055 mulâtres et 249,098 esclaves nègres (2), et payant 3 millions de livres environ de contribution en 1784.

Plusieurs propriétaires de biens aux colonies approuvaient de toutes leurs forces le but du Club de Massiac (3). Bien qu’ils ne s’y (1) Considérations politiques sur la révolution des colonies frannaisrs, mais particulièrement sur celle de Saint-Dominyue, par G. Th. Dufresne, colou de cette Isle. (Bib. Nat., manusc. 1805, fraïu-ais, nouvelles acquisitions, n» 3,472.) (2) D’après le rceenseuient de 1779.

(3) Le comte de Vaudrcuil, par exemple, dont toute la fortune consistait en propriétés situées à Saint-Domingue. 1 ! était grand fauconnier de France, et il émigra avec le comte d’Artois. Citons aussi Jacques-François Bégouon, né h Saint-Domingue, et manufacturier au Havre, député du bailliage de (’.aux aux