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III
INTRODUCTION.


quilles. — Sur le terrain de l’exégèse scientifique, les libres penseurs n’ont pas grand'chose à reprocher aux dévots.

Ces faits et bien d’autres que je pourrais rappeler sont fertiles en enseignements. — Ils montrent le danger que l’on court à vouloir souder trop intimement le dogme à la science. — Le premier relève avant tout de la foi, et par conséquent du sentiment ; il est de sa nature absolu et affiche la prétention d’être immuable. La science au contraire est fille de l’expérience et du raisonnement ; elle a ses doutes et ses réserves ; elle est surtout essentiellement progressive, c’est-à-dire changeante et sujette à des transformations. Toute union entre elle et le dogme ne peut donc que préparer des déchirements inévitables et douloureux. Les textes sacrés ne se prêtent pas toujours aux interprétations, parfois spirituelles, parfois aussi puériles, qu’on accueille aujourd’hui avec tant de faveur. Ces interprétations elles-mêmes, acceptables un jour, sont souvent démenties le lendemain par quelque nouveau progrès, et l’opposition qu’on. a voulu dissimuler n’en ressort que plus clairement.

— Laissons donc à chacun son domaine, au savant la science, au théologien la théologie.

Certes, en m’exprimant ainsi, je suis loin de vouloir dire qu’il existe un antagonisme entre la science et la religion. J’ai trop souvent exprimé la conviction contraire, pour qu’on me prête une semblable pensée. — Oui, la foi n’a pas d’appui plus sûr qu’une connaissance aussi complète que possible de cet univers, de ses phénomènes, de ses lois. Au besoin, d’illustres exemples justifieraient mes paroles ; mais ces