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IV
INTRODUCTION.

exemples, nous les rencontrerions dans des communions très-diverses. La religion et la science, qui, chacune dans sa sphère, répondent à nos besoins les plus nobles, à nos instincts les plus élevés, ne convergent et ne s’unissent que par ce qu’elles ont de plus général, de plus grand. Dans ces hautes régions de l’intelligence et du cœur, les points de discussion disparaissent devant les vérités éternelles. — Voilà pourquoi le protestant et le catholique, le juif et le mahométan, ont pu trouver dans la science de quoi fortifier chacun ses diverses croyances, semblables au moins en cela que toutes rapportent au Créateur l’hommage de la créature.

D’autre part, on voit combien les hommes qui ont la prétention de parler uniquement au nom de la philosophie et de la raison, combien les libres penseurs doivent se méfier de la répugnance instinctive que leur inspirent tout fait, tout témoignage, toute doctrine qui se présentent à eux associés à quelque idée dogmatique. En cédant trop facilement à ce sentiment irréfléchi, ils ont souvent mérité les mêmes reproches que leurs adversaires. — Eux aussi se sont montrés absolus et intolérants ; ils ont pour ainsi dire érigé en dogmes leurs négations les plus hasardées, et compromis la cause qu’ils défendent. À eux aussi la science, seul juge irrécusable et compétent, a donné de sévères leçons dont ils n’ont pas toujours su profiter.

Ces réflexions s’appliquent d’une manière toute spéciale aux débats relatifs à l’origine une ou multiple des groupes humains. Après avoir régné si longtemps sans conteste , l’antique dogme d’Adam a