Page:A la plus belle.djvu/131

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Si tu l’z’as trouvais,
Jean !
Jean !
Faut m’les ramenais.

Si Huel, le valet de pied, ne fut pas content, c’est donc qu’il était bien difficile en fait de poésie !

Pendant cela, Berthe et Jeannine étaient restées seules.

Il y avait du contentement sur le visage de Berthe. Jeanninc, au contraire, ne pouvait cacher la gêne qu’elle éprouvait.

— Moi ! balbutia-t-elle, songeant sans doute au motif qui l’avait éloignée du manoir ; moi, votre rivale, demoiselle Berthe.

Berthe éclata de rire et la baisa.

— C’est une folie ! s’écria-t-elle : tu es mon amie, et voilà tout. Mais comme il y a longtemps que tu n’es venue, ma petite Jeannine ! je crois que tu ne m’aimes plus.

— Oh ! fit cette dernière, dont les yeux ne se relevaient point.

— Écoute, reprit Berthe, moi, je t’aime, tu le sais bien, comme si tu étais ma sœur. Quand j’ai appris que tu venais habiter avec ta grand’mère, la bonne Fanchon Le Priol, j’ai été bien heureuse. Je me disais : Il n’y a que la rue à traverser ; je la verrai tous les jours. Eh bien méchante que tu es, tu m’oublies !

— Grand’maman a de l’ouvrage, dit Jeannine à voix basse ; je travaille.

— Mauvaise raison ! ne peux-tu apporter ta broderie et travailler avec moi ?

— Je n’oserais.

— Tu vois bien ! dit Berthe en frappant son pied contre terre ! tu ne m’aimes plus !

Jeannine prit sa main et l’approclia de ses lèvres respectueusement.

Berthe la retira avec colère.

En ce moment, si vous eussiez eu à décerner à l’une ou à