passait autour de lui. Il était seul dans cette immense bagarre plus agitée qu’une mer.
Ma foi, la petite Jouanne dansait là-bas, sur ses talons déchaussés, avec Yvon, le pâtour du presbytère. Elle dansait au son de la bombarde, qui nasillait une sorte de gigue à cadences soubresautées. Le biniou accompagnait la bombarde fraternellement, le cher biniou ! bombarde et biniou deux nez qui trompettent le plaisir bas-breton !
En dansant, la petite Jouanne grignotait quelque chose de bon, car Yvon, le pâtour savait la galanterie, et n’eût pas laissé su mie sans manger toute une gigue. Elle avait, n’en déplaise a votre délicatesse, les doigts et les lèvres tout brillants de graisse. Ça embellit une fillette Yvon lui avait acheté une couenne de lard, croquante et bien rissolée, chez la Tardivel, fricotière qui portait pour enseigne :
Ceux qui viennent, ceux qui s’en vont,
Mangez du cochon d’Ardevon !
À quoi la Kermoro, de la Rive, répondait sur son enseigne voisine et ennemie :
Mangez du cochon de la Rive,
Qui qui s’en va, qui qui arrive !
Ce dernier distique contenait un hiatus, mais il se sauvait : par un solécisme. Patience avant la fin de la fête, la Tardivel et la Kermoro s’arracheront bien un peu de cheveux.
— Fouaces 1! fouaces ! fouaces de Saint-Georges-en-Grehaigne !
— Tourtes du vieux bourg de Miniac !
— Au cidre doux, pompette ! au cidre doux !
Les ivrognes qui battent la foule en zigzag, les filles qui s’affaissent en un rire malade, les gars qui jettent le grand cri de joie :
— Au lard ! au lard ! au lard !