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Page:A la plus belle.djvu/71

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pour tirer la petite corde qui pendait au dehors, et qui communiquait avec la targette intérieure.

Mais sa main hésita au moment d’ouvrir, et il se prit à écouter.

— Allons ! grommela-t-il, voilà je ne sais combien de centaines de marches raides montées en pure perte ! le bonhomme n’est pas seul !

— Non, disait-on dans la cellule ; non, moi je ne comprends pas ça ! Entrc amis, pourquoi se disputer ?

— Mais qui songe à se disputer avec toi, mon cher camarade ?

— Toi ! c’est clair !

— Pas du tout ! c’est toi ! ton caractère est insupportable !

— Ah ça ! se dit notrc homme au surcot brun, qui avait déjà fait deux ou trois pas pour se retirer ces gens se querellent avec une seule voix !

Il revint et mit son œil au trou de la ficelle. Quand il se redressa, son visage bilieux et jaune, ou brillait une remarquable intelligence, était éclairé par un rire silencieux. Il tira la ficelle sans phis hesiter et entra dans la cellule.

— Oh ! oh ! s’écria frère Bruno en interrompant brusquement la dispute commencée ; bonjour, l’homme ! Vous auriez pu frapper avant d’entrcr.

— Mon digne frère… commença l’étranger.

— Bon ! bon ! l’ami ! vous paraissez avoir la langue bien pendue. Mais, je n’aime pas beaucoup les bavards.

— C’est ce qu’on dit, mon frère.

— Pour ça, je suis bien connu ! Donc, réglez-vous là-dessus, je vous prie. Soyez bref, concis et précis.

— Je tâcherai, mon frère.

— Comment vous appelez-vous ? Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?

— Mon frère, répondit doucement l’étranger que ce ton important du moine servant ne semblait offenser en aucune manière, je m’appelle Gillot du nom de mon père, taillandier de fer à Tours en Touraine, et Pierre sur les fonds du saint