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Page:A la plus belle.djvu/78

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IX


CHARLES ET ANNE


C’est uniquement parce que Pierre Gillot, de Tours en Touraine, était valet de barbier que nous avons mis une sorte de négligence à peindre sa personne. Pourquoi faire un portrait en pied d’un si pauvre hère, quand les pages de ce livre fourmillent de noms nobles ? quand nous aurons sans doute à nous occuper de son illustre maître. Olivier le Dain, comte de Meulon ? et même du maître d’Olivier le Dain, Louis de France ?

Il est bien vrai que l’art ne tient pas compte des grades. Callot, mis en face d’une armée, néglige le général pour dessiner l’humble goujat, dont les loques se drapent mieux sous le crayon.

Charlet, l’Appelles de notre Olympe soldatesque, ne quitte le caporal que pour la cantinière, et la cantinière que pour le conscrit.

Nonobstant ces exemples, nous sommes bien résolus à ne point vous dire combien de rides Pierre Gillot avait sous l’œil droit quand son sourire félin et un peu sournois éclairait son bilieux visage. Nous vous tairons cette circonstance qu’il croisait volontiers ses jambes l’une sur l’autre, alors qu’il était assis. Nous ne vous apprendrons même pas que, devançant les âges, il tournait ses pouces bellement comme nos oncles poudrés, amis de l’Encyclopédie et guillotinés par elle.