— Ah ! par exemple ! s’écria le frère Bruno, voilà une bonne aventure ! Voulez-vous me la redire pour que je puisse la conter couramment ?
Pierre Gillot répéta son anecdote avec une parfaite obligeance.
— Et la date ? demanda le moine ; car j’aime à dire C’était en l’an.
— C’était en l’an 340 avant Jésus-Christ, mon frère.
— En l’an 340 avant Notre-Seigneur, grommela Bruno, qui faisait son travail mnémotechnique : Fillot-Patte-d’or d’Arménie qui achète de la viande au lévrier du joueur de vielle du cousin de la femme du ministre de Philippe, père d’Alexandre le Grand….… Est-ce bien cela ?
— Parfaitement.
— Le chien devait avoir un nom ? Et le joueur de musique aussi ? c’est égal, ma foi, compère, vous êtes un camarade de joyeux déduit, et je serai bien aise de vous rendre service. C’est donc de mon ami Jeannin que vous avez besoin ?
— Pas moi, mais bien mon maître.
— Alors que signifie l’histoire du levrier ?
— Pasques-Dieu ! murmura Pierre Giliot, voici un vieux retors !… L’histoire du chien, mon frère, vient comme il faut, en ce sens que Jeannin aura affaire à moi.
— Et que lui direz-vous ?
— Mon frère, il y a de riches et nobles héritières à la cour de France ; ce Jeannin est-il marié !
— Il est veuf.
— Sans enfants ?
— Il a une fille belle comme les amours.
— À la cour du roi de France mon frère, il y a de nobles et riches jouvenceaux.
— J’entends bien, mon compère, mais ce que je veux savoir…
— C’est le secret d’État, n’est-ce pas ?
— Juste
Pierre Gillot rapprocha son siège. Il eût fallu être plus expert