Page:A la plus belle.djvu/92

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Maurever. Elle avait appris que Mme Reine craignait sa fenêtre ouverte, sa fenêtre à elle, Jeanine.

À son insu, Jeannine avait espéré hier, puisqu’elle souffrait aujourd’hui. Ses beaux yeux baissés avaient un peu de rouge à la paupière. Elle essayait de sourire, mais quand un rayon de soleil perçait la fouillée épaisse, on voyait bien qu’elle avait pleuré.

— Écoutez-moi, messire Aubry, reprit-elle, il n’y a point au monde de jeune fille plus belle ni meilleure que Berthe de Maurever.

— Il y a toi, Jeannine ! interrompit Aubry.

— Oh ! moi, dit la fillette en souriant tristement, je ne suis qu’une vassale, messire.

— Et si je veux te faire dame ? demanda Aubry en lui prenant la main.

Un incarnat plus vif vint à la joue de la jeune fille. Je vous ai dit qu’elle était bonne. Mais où est en ce monde, le cœur dépourvu d’ambition ?

Elle baissa ses grands yeux humides et ne répondit point.

— Et si je veux te faire dame ? répéta Aubry après un silence.

Pourquoi non ? Il l’eût fait, certes comme il le disait. Il n’avait pas vingt ans. Oh ! le rêve délicieux qui passa devant les yeux de Jeannine ! Être la femme d’un chevalier et être heureuse ! enviée et bien aimée tout à la fois !

Elle regarda Aubry, puis elle lui tira sa main.

— Moi, je ne veux pas dit-elle d’un accent résolu, tandis que sa paupière se baissait et qu’une larme perlait à ses cils.