Page:A la plus belle.djvu/97

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il faut ! Quand Jeannine, ma petite-fille, aura le bon âge, j’espère qu’il se trouvera aussi quelque vaillant homme d’armes pour la servir et demander sa main. Elle n’est pas mal venue, ma petite Jeannine, n’est-ce pas vrai ?

— Elle est belle comme un ange ! s’écria Aubry.


— Là ! là ! voici bien les amoureux ! Vous êtes si accoutume de songer à votre perle de beauté, messire Aubry, que vous voyez partout des anges !… Mais Jeannine ne se promène pas encore dans les bois et nous avons du temps devant nous.

Le sifflet pointu comme une aiguille, lança le refrain si connu, et qui date, dit-on, de la jeunesse du bon connétable du Guesclin :


« Je t’en ratisse,
Mon ami Bertrand,
Je t’en ratisse !… »

Messire Aubry devint plus rouge qu’une cerise.

— Ho ! ho ! dit Jeannin ; il paraît que Fier-à-Bras se promène, lui aussi, mais il est trop grand seigneur pour suivre le chemin battu. Je gage qu’il est tout en haut de quelque châtaignier…

Il leva la tête et la baissa aussitôt comme on fait pour éviter un objet qui tombe. L’objet, c’était le nain lui-même qui avait trouvé bon de se laisser choir d’une branche où il s’asseyait. Il tomba à califourchon sur l’épaule de Jeannin, et se mit à rire de tout son cœur.

— Non, non, dit-il, notre fille Jeannine ne court jamais dans les bois ! Oui, oui, ajouta-t-il en regardant Aubry qui détournait la tête, messire Aubry songe à sa belle parente depuis le matin jusqu’au soir ! Voilà des vérités, Jeannin, mon ami ! à la bonne heure !

— On laisse ce nain prendre trop de libertés, murmura le jeune homme dont les sourcils se fronçaient.

— Oui-dà ? répliqua Fier-à-Bras effrontément ; eh bien, messire, ce nain est plus discret que bien des hommes de