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Et baignez d’azur frais leur mortelle beauté ;
Vignes fières des fruits que vos bras ont portés,
Par le soleil, ainsi que des mères ravies ;
Plaines qui me chantez le poème de vie ;
Côteaux d’où coule un flot de candides soûleurs
Qui nourrissez la brise avec le pain des fleurs
Et qui, voulant votre âme à quelque éden pareille,
La parfumez pour moi de pampres et d’abeilles
Et bercez un printemps de nids à vos rameaux ;
Mystérieux torrents qui connaissez les maux
Dont sur vos bords d’exil palpite l’âme humaine ;
Sources ensoleillées qu’au pied des fleurs promène
L’auguste main d’un dieu caché dans les roseaux ;
Forêts qui répandez les hymnes des oiseaux
Afin d’illuminer les maisons et les lyres ;
Lys dont la pureté monte en tremblants sourires
Et guirlande d’éclairs le torse des rochers ;
Brins d’herbe tressaillant comme des seins cachés,
Vallons pamprés d’azur comme ceux d’Ionie ;
Jardins où vit, au sein des roses, l’harmonie ;
Saules dont l’aube blanche a baisé les cheveux