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Des vols brillants de papillons y viennent boire
L’odorante douceur des baisers rajeunis,
Sur nos seins renaissants qu’une déesse moire
Les séraphins en pleurs posent leurs luths bénis.

La brise ouvre son âme aux herbes qui nous vêtent,
Un peu de ciel nous dore et les chênes nous font
Des arceaux de verdure heureuse où les fauvettes
Piquent, comme des fleurs enflammées, leurs nids blonds.

Et nous chantons avec les nids qui nous adorent,
Et nous faisons, aux lueurs douces de leurs cris,
Scintiller, dans les cœurs humains, des voix d’aurore.
Dans nos fleurs nous baignons les pieds nus d’Eucharis.

Sanglant, sur nous, le ciel, tel un beau songe, tombe !
Mais l’aube attendrissante enrubanne les houx
Afin que les enfants foulent nos gazons roux
Et que le bois embaume un printemps de colombes !