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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/190

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Virginie. — Le joli petit gosier de fille que voilà ! Si l’Inquisition t’entendait prêcher sur un si beau texte, tu ne serais pas bonne à jeter aux chiens, et tu aurais bon besoin d’onguent pour la brûlure. Vertu de ma vie ! comme tu y vas ! Un Bourdaloue retourné ne s’escrimerait pas mieux de sa bouche d’or, et ne ferait pas plus de ravages dans l’orthodoxie ultramontaine par le rapide torrent de son impétueuse éloquence, s’il entreprenait de la saper jusqu’aux fondements.

Séraphique. — Tu le vois, quoique je ne sois pas encore en pays de liberté, je m’explique pourtant en républicaine et en religionnaire qui a secoué le joug du pape avec connaissance de cause ; qui, dans la recherche de la vérité, a su découvrir toutes les traces du mensonge ; qui a tiré la quintessence des bons livres dont une miséricordieuse providence s’est servie pour lui dessiller les yeux ; qu’un vain scrupule tenait autrefois en échec, et qui se moque à cette heure de tous les foudres du Vatican. Après tout, voyant aujourd’hui la berne que l’on donne en France à Clément XI, j’ai peine à comprendre que l’énorme pouvoir que les pontifes ont usurpé puisse encore demeurer longtemps sur pied. De si rudes secousses et de pareils ébranlements avilissent bien la tiare. Il ne faudrait plus, pour la mettre tout à fait à bas, qu’un appel général de tout le clergé de France à un concile œcuménique, et c’est ce que je ne désespère pas de voir encore de nos