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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE
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biblique ; elle apparaît ce qu’elle est en réalité : impressionnable, hasardeuse, nonchalante, vaniteuse, légère parfois, factieuse, pleine d’humour, et presque toujours avenante et charitable.

Le matin, elle est réveillée par les chants religieux ; dans chaque église, il ne se dit qu’une messe ; elle est chantée et commence bien avant le jour. Dès cette heure, les affligés et les dévots courent à l’office ; les autres n’y vont qu’au moment de la consécration : au soleil levant. Les jours de fête, les fidèles visitent plusieurs églises, surtout celle de Saint Tekla-Haïmanote, qui possède les reliques vénérées de ce saint.

L’horizon s’éclaire à peine, que tous, aux portes, dans les rues et aux carrefours, échangent le salut du matin. Les travaux et les affaires commencent partout ; les voyageurs, les soldats de passage se mettent en route ; les pâtureurs, au pied des collines, réunissent les vaches, les veaux et les bêtes de somme qu’on voit dévaler dans toutes les directions ; des femmes et des jeunes filles, munies d’amphores, descendent çà et là, en babillant, puiser de l’eau au Kaha et à l’Angareb, où sont déjà établis des hommes à demi-nus, lavant leurs toges et celles de leur famille, en les piétinant dans l’eau. Sur la place du marché, les acheteurs assiégent l’étal des bouchers, les chiens se hargnent autour, au-dessus plane une volée d’éperviers guettant l’occasion de happer quelque lambeau de viande ; des enfants, encore engourdis de sommeil, se rendent à l’école ; les oisifs, les nouvellistes de profession, groupés aux carrefours, épluchent déjà les nouvelles, brocardent les passants ou bien confèrent d’un air de mystère, selon que les temps leur paraissent calmes ou difficiles.