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Page:Abbadie - Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie.djvu/311

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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

Les combats, entre cavaliers surtout, sont faits pour étonner un Européen. Que deux corps de cavalerie, de 2 ou 3,000 hommes chacun, se trouvent en présence, et ne soient point contraints par quelque circonstance à une action générale immédiate, 20 à 25 cavaliers s’élanceront à toute bride contre tout un escadron qui les alléchera en leur cédant du terrain. Mais, par un retour offensif, une centaine de cavaliers peut-être se détachent, relancent ces assaillants et cherchent à les envelopper avant qu’ils soient secourus. Si le terrain s’y prête, il s’établit ainsi, comme au jeu de barre, un va-et-vient de charges sur plusieurs points à la fois. Ces combats partiels seront soudainement interrompus par une charge formidable de 12 à 1,800 chevaux, balayant tout devant elle, dans le but de sonder le terrain, de modifier l’assiette des forces de l’ennemi, ou simplement de l’impressionner, ou peut-être pour dégager un peloton de 10 à 15 cavaliers, qui, dans cet emmêlement de charges et contre-charges, allait être enlevé. Au milieu de ces échanges d’attaques, de ruses, et de retours faits au grand galop, escadrons, escouades, lignes, pelotons, se rompent, se mêlent, se disjoignent et se reforment, donnant tour à tour au combat, comme dans un kaléidoscope, des physionomies toujours nouvelles. On verra un cavalier, séparé de ses compagnons, serpenter au milieu de ses adversaires, le sabre à la main, sous une grêle de javelines, et leur échapper quelquefois, après leur avoir distribué des blessures, aux applaudissements des deux partis. Deux troupes considérables s’essaieront réciproquement par dix, quinze ou vingt charges partielles, avant d’exécuter une charge en masse ; puis elles recommenceront à