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DOUZE ANS DE SÉJOUR

six cents combattants, relevant uniquement de lui. Au lieu d’un corps spécial, on lui donne souvent à commander le régiment des gardes de l’Alga. Il campe à l’aile droite du camp, et lui aussi a droit à une tente blanche.

L’Elfigne-Askeulkaïe (huissier de l’intérieur). Il sert comme lieutenant du dignitaire précédent, mais il relève directement du Dedjazmatch. À l’heure des repas, pendant les conseils et toutes les fois que le Dedjazmatch est accessible à ses sujets, il doit être sur le seuil, une verge à la main, et secondé de quelques huissiers intimes, ses subordonnés ; personne ne peut entrer sans sa permission. Si l’Aggafari est absent, il le remplace quand le Dedjazmatch tient lit de justice. Debout entre les parties, il conduit et résume les débats, prête main-forte au besoin ; toujours debout, il émet son jugement le premier, puis il provoque nominativement les juges et les assesseurs à émettre le leur. Il perçoit les amendes ou les frais judiciaires, dont il s’attribue une partie. Il a droit à la surveillance du parc des moutons pour la boucherie, et il en perçoit pour lui un dixième. Dans les festins, lorsque le chef des gardes est de service, il doit se tenir debout à la tête de l’alga du maître. À moins que le Dedjazmatch ne soit sorti ou endormi, il doit toujours être à son poste, sur le seuil ; aussi ses fonctions sont-elles très-fatigantes, car elles exigent une assiduité et un éveil de tous les instants. En revanche, comme c’est de lui que dépend l’accès auprès du maître, il est l’objet des prévenances de tous, ce qui rend sa position fort lucrative. Il est d’ailleurs investi d’un fief, qui, en Damote, lui permet d’enrôler pour son compte de quatre-vingts à cent quarante soldats. On choisit pour ce poste de confiance un cavalier dévoué, ferme, discret, alerte et doué d’une élocution