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DOUZE ANS DE SÉJOUR

nant sous divers prétextes, il se vit obligé de renvoyer en Enneufsé la meilleure partie de ses troupes qu’il ne pouvait nourrir à Dabra Tabor, et il leur adjoignit un certain nombre d’hommes d’élite qu’il avait détachés secrètement du service de plusieurs seigneurs du Ras.

Ses ennemis attendaient ce moment pour le perdre avec plus de certitude : certains indices leur avaient fait croire que le Ras serait heureux que l’opinion publique vînt le contraindre à disgracier le favori de sa mère. En conséquence, ils attirèrent secrètement à Dabra Tabor plusieurs de ses vassaux qui avaient des plaintes à porter contre lui, ainsi que les chefs de plusieurs villages que ses troupes indisciplinées avaient maltraités en retournant à Enneufsé.

La Waïzoro et son gendre furent instruits de ces menées, et Birro, bien moins rassuré que sa belle-mère, attendait avec anxiété qu’elles éclatassent, lorsqu’un nouvel incident, tout en compliquant sa position, contribua, pour le moment du moins, à le tirer d’embarras.

Ses deux beaux-frères, les Dedjadjs Imam et Haïlo, l’ayant invité à les joindre sur le mail, où, avec 150 ou 200 de leurs cavaliers, ils se livraient au jeu de cannes, il saisit l’occasion de leur prouver que les cavaliers du Gojam n’étaient pas, comme ils le prétendaient, inférieurs à ceux du Bégamdir : il ordonna à ses gens de se munir de bambous longs et forts au lieu des légères cannes d’usage, et il parut bientôt à la tête d’environ 300 chevaux.

Le Ras passionné pour ces exercices, apprenant qu’un jeu animé était engagé et que les Gojamites malmenaient fort ses frères, se rendit également sur le terrain avec un escadron d’élite, et après