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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

avoir feint de se joindre au parti de Birro, il alla se mettre dans le camp de ses frères. Birro, déjà piqué de ce procédé, lança ses trois meilleurs cavaliers pour rengager le jeu ; ceux-ci chargèrent leurs adversaires et tournèrent bride, entraînant après eux 80 cavaliers du Ras qui s’efforçaient de les envelopper. L’un de ces trois cavaliers était un nommé Teumro Haïlou, qui devint plus tard un de mes compagnons et un de mes plus chers amis. Il était fils de Dedjazmatch, parent éloigné du Ras Ali ainsi que du Fit-worari Birro, dont il était l’écuyer. En fuyant, son cheval s’abattit, il roula à terre, et deux des poursuivants, contrairement à toute courtoisie, lui lancèrent leurs cannes en plein corps.

— Qui m’aime me suive ! s’écria Birro.

Ses cavaliers se précipitent avec lui contre ceux d’Ali ; celui-ci accourt à la rescousse avec tout son monde ; des charges animées s’entre-suivent, et le Ras, trouvant Birro à bonne portée, lui lance sa canne dans le dos. Birro furieux tourne bride et fond sur le Ras en criant :

— À vous, Monseigneur ! parez, parez ! Moi seigneur de Dempto, moi Birro, le fils de Guoscho, je ne vous lâcherai pas !

Le Ras se perdant dans ses parades se couvrit la tête de son bouclier pour la mettre au moins à l’abri, et il ne chercha plus qu’à surexciter le galop de son cheval renommé pour sa vitesse. Mais Birro, gagnant sur lui, au lieu de lui lancer sa canne, la prit par un bout et frappa le Ras plusieurs fois sur son bouclier, avec si peu de ménagement, qu’il en fit sauter les ornements. La stupéfaction fut générale.

Birro tourna bride vers les siens et les rejoi-